Aujourd’hui, des milliers de parents se joignent pour déposer une lanterne, allumer une bougie ou encore faire un envol de ballons vers le ciel. Derrière ce geste symbolique qui fait du bien, il peut se cacher une souffrance trop souvent étouffée, un sentiment de culpabilité, d’injustice, de la peine et de la honte.
Au départ, vous avez aimé. Vous avez aimé imaginer, vous aviez des attentes, vous aviez une image de vous comme sa maman, peut-être maman pour la première fois. Ensuite, vous avez peut-être senti avoir donné cet amour trop tôt, vous vous êtes senti coupable de vous réjouir hâtivement. Il y a peut-être aussi la culpabilité de ne pas avoir su le garder. Vous portez la culpabilité de la perte.
Souvent, le sentiment d’être seul à vraiment saisir la douleur que cela apporte peut être envahissant.
Comment vas-tu ? Une question qu’on ne pose pas assez souvent. Vous auriez peut-être aimé l’entendre à ce moment-là. Si vous pouviez y laisser les maux sortir en répondant honnêtement à cette question, ce serait un petit pas de plus.
Les gens se voulant consolants vous diraient qu’il n’a pas existé, que lui n’a rien senti. Il n’a jamais existé ? Vraiment ? « Pour moi, tu existes et tu existeras toujours. Je t’aime. »
Certains autres pourraient dire : « Ce n’est pas grave. Tu vas en avoir d’autres ».
En réalité, le deuil périnatal est un multideuil. Il comporte tellement de facettes : le deuil de cet enfant, le deuil du sentiment d’attente, le deuil d’être son parent, le deuil des prochains souvenirs avec lui, le deuil d’annoncer aux proches. « C’était plus qu’un bébé, il était mon bébé. »
Nous entendons rarement parler de la grossesse psychique, qui pourtant est une réalité du lien de l’attachement entre la mère et son bébé. En fait, la grossesse psychique commence et évolue bien plus vite que la grossesse physique. C’est plusieurs états de pensées qui suivent le rythme de chacune. Au départ, « Je suis enceinte », ensuite « J’attends un enfant », « Je vais accoucher », « Mon bébé va naître » et « Je vais avoir un bébé à prendre soin ». Cela peut expliquer pourquoi ce n’est pas parce que vous n’avez pas vécu les 3 trimestres de la grossesse que vous ne pouvez vivre un bris dans l’attachement envers votre bébé.
Et si c’était une « interruption volontaire » ?
Le terme pointe du doigt et prédit votre volonté de cette interruption. Pourtant, le fait de commencer une grossesse, puis de procéder à un avortement n’est jamais volontaire. Donnez-vous le droit, vous aussi, à tous ces sentiments mélangés.
Le sentiment de culpabilité par contre, lui existe chez beaucoup trop de parents vivant cette épreuve. Peu importe la raison pour laquelle vous coupez la ficelle du ballon, le sentiment d’impuissance est difficile à gérer puisqu’il nous glisse entre les mains. L’impuissance face à la situation et la culpabilité de n’avoir rien pu faire sont des opposés, mais sont pourtant bien présent pour le parent !
« Ne pas oublier, en donnant la vie, on donne aussi la mort. Par contre, nous ne sommes pas en contrôle de combien de temps séparera les deux. »
Parfois, il faut savoir arrêter de rapidement chercher le positif et vouloir enterrer nos sentiments de peine ou de souffrance prématurément. Si vous sentez la souffrance, vivez le deuil entièrement. Ta peine est valable. Mais rappelez-vous aussi que le soutien et les ressources que vous recevez doivent être aussi grands que les défis !
Allume une bougie. Prends soin de toi. Donne un prénom à ton bébé. Donne-lui une place dans l’existence, car il a sa place dans ton cœur, pour toujours.
Suggestion d’écoute
Une fausse-couche pleine de grâce – QuantikMama
Aurélie Normandin
Intervenante et assistante périnatale